Picpartou, le gentil hérisson, sur la fin d’une douce nuit du mois d’aout, s’est hasardé dans un jardin. Seulement voilà… quelques chattes en étaient déjà locataires. Elles n’ont pas aimé sa venue. Pourtant elles le craignaient car elles avaient vite compris qu’il ne fallait pas se frotter à lui, même avec la patte !
Picpartou était craintif. Constater que les minettes le considéraient comme un indésirable, l’a convaincu de quitter ce jardin rapidement pour un autre, contigu.
Dans sa précipitation il n’a pas pris la peine de vérifier s’il pouvait franchir la clôture grillagée. Bien mal lui en a pris. Lorsqu’il eut engagé l’avant de son corps, était-ce le fait que son petit ventre était bien rebondi après le festin qu’il s’était octroyé en dégustant quelques limaces… toujours est-il que tous les efforts qu’il déployait furent vains. Au fur et à mesure que le temps passait il sentait ses forces décliner et face à lui les chats de l’autre voisin s’étaient rapprochés et menaient une manœuvre d’encerclement… à distance néanmoins !
Le jour s’était levé, le soleil en profitait pour inonder de ses rayons tout ce qui n’était pas à l’ombre.
Picpartou était épuisé. Il percevait maintenant un certain remue-ménage autour de lui. C’étaient des humains qui s’agitaient, il percevait les sons qui sortaient de leurs bouches, mais n’en comprenait pas le sens. Ses paupières étaient si lourdes, qu’il n’arrivait pas à évaluer, si un nouveau danger ne le menaçait pas. Une ombre se posta devant lui. Des mains gantées tentaient de le dégager. Venait-on le sauver ?
Il constata que la pression sur son corps s’atténuait. Il pouvait enfin respirer normalement.
Il sentit qu’on le soulevait et qu’on le déplaçait. La position n’était pas très confortable, ainsi suspendu au-dessus du sol, mais le voyage ne dura pas longtemps. Son sauveur le déposa avec précaution dans l’herbe d’un pré. Ouf, il n’avait pas eu affaire à un prédateur ! Malgré la terreur qui l’assaillait encore, il eut la force de soulever ses paupières et d’examiner son bienfaiteur. Il fut frappé de constater que ses joues étaient recouvertes de petits piquants… Les humains étaient-ils en mutation où avaient-ils égaré leurs rasoirs ?
Mamounette, Gouts le 6 aout 2018